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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 12:52

Monsieur François Fillion, candidat à la présidence de la République,

 

Il y a beaucoup de prétention à vouloir vous écrire, alors que je ne suis qu’un citoyen bien ordinaire. Mais sans doute fallait-il que je le fasse, comme d’autres qui l’auront fait avant moi.

Vous voici donc obligé de vous justifier. Vous n’auriez sans doute jamais imaginé d’avoir à le faire, tant, pour vous, votre vie allait de soi.  À aucun moment vous ne pouviez penser que ces sommes importantes payées légalement à votre femme et à deux de vos enfants puissent poser quelque problème que ce soit.  Alors la question qui se pose n’est plus celle du droit (le droit, nous le savons tous, est surtout fait pour protéger les puissants puisque ce sont eux qui font les lois), mais celle de la morale ou de l’éthique, selon qu’un terme ou l’autre corresponde à ce qui est en question.

Vous annoncez tout d’abord une ligne dure, libérale pour les affaires, contraignante et rigoureuse dites vous, pour le peuple français. Au nom de la vérité nécessaire vous insistez sur cette annonce au cours de votre campagne des primaires. En gros la santé, le travail, la protection sociale et peut-être bien la culture, sont des activités humaines qui coûtent trop cher à l’État, et il va falloir y remédier. 500 000 fonctionnaires en moins (sur 5 ans), un allègement des contraintes imposées par le code du travail, des cotisations sociales allégées –salariales et patronales- une sécurité sociale moins étendue à tout et à tous…bref des efforts significatifs à venir, qui s’ajoutent aux augmentations inévitables de l’énergie et des transports.

Avouez que le quidam lambda qui touche le SMIC, ou moins du SMIC, a de quoi s’inquiéter. Le salaire médian étant autour de 1700€ par mois, cela fait près d’un français actif sur deux qui peuvent se faire du souci.

Ces calculs vous les connaissez mieux que moi qui n’ai que la presse assassine comme source et quelques lectures sans doute partisanes et mal intentionnées. Mais ces calculs disent qu’une grande majorité des français actifs ayant ou pas charge de famille, devant faire chaque jour 20 à 30 kms en moyenne pour aller travailler, payant leur loyer ou l’emprunt du logement qu’ils acquièrent, payant eau, gaz et électricité et le combustible du chauffage, assumant les dépenses d’entretien et d’éducation de leurs enfants, que ces français donc ne rigolent pas tous les jours et que vos savantes stratégies de négation, puis d’excuses, ont du mal à passer, au mieux, ou ne passent pas du tout.

Ce qui est terrifiant, mais vous n’êtes pas le premier ni le seul en cause, c’est ce décalage entre ce discours de chef, de patron, de dirigeant, de futur ou ex-futur président de la République et la réalité quotidienne de celles et ceux à qui on demande, de plus, de mettre un bulletin de vote dans l’urne.

Beaucoup sont tellement loin de vous et de la classe politique que vous représentez et qui contient de nombreuses personnes de droite ou de gauche (donnant en cela raison au discours de Marine Le Pen qui pourtant s’empresse de vous rejoindre), qu’ils ne se déplacent plus lors des élections.

Il vous faut donc séduire entre 1/4 et 1/3 des électeurs qui voteront pour espérer l’emporter. Notre démocratie (que certains appellent le SYSTÈME faute d’appeler un chat, un chat) peut-elle encore faire illusion.

Une petite partie des français ayant l’âge et le droit de vote, soit à peu près 10 000 000, seront demain une majorité pour diriger la France. Que ce soit Marine Le Pen, Emmanuel Macron ou encore Benoît Hamon, aucun ne peut prétendre à une majorité plus écrasante. Soit 1 français sur 6 qui oriente l’avenir du pays, si l’on peut utiliser ce terme.

Inutile de vous dire que mon sentiment à votre égard est partagé. Comme homme, comme époux et comme père, inscrit dans une lignée familiale honorable, vous êtes respectable.

Comme homme politique vous ne l’êtes plus, votre crédibilité est brisée. Vous pourrez encore parler de stratégie, il est trop tard. Vous serez peut–être encore là demain, puisque vous êtes déterminé à aller jusqu’au bout, mais vous serez terriblement seul. Je ne souhaite ni votre échec, ni votre réussite, en quelque sorte je suis étranger à ce monde que vous envisagez de piloter avec la même griserie peut-être , que celle que vous éprouviez autrefois au volant d’un quelconque bolide.

J’oubliais. Vous avez affirmé votre foi chrétienne bien avant que les évènements ne vous mettent en difficulté. Je n’ose imaginer comment cette foi est compatible avec votre stratégie. Car au fond s’il n’y a pas de mensonge, ni de malversation, il y a quand même un problème pour votre avenir céleste. Mais là, c’est Dieu qui s’en chargera et nous n’en saurons jamais rien. Surtout si Dieu n’existe pas, ce que je crois fort probable.

Passons ! Si j’étais votre conseiller (juste pour la forme) et si vous aviez la capacité de m’entendre, j’aurai quelques éléments de stratégie à vous proposer :

  1. Commencer par prendre la mesure exacte du désastre qui nous attend sur le plan climatique, environnemental et énergétique.
  2. Réfléchir en profondeur à la question du travail et des revenus de chaque citoyen.
  3. Penser les relations internationales en faisant de la France un pays de Paix et pour la Paix.

La France, si tant est que cette entité puisse encore s’affirmer avec un génie singulier, pourrait devenir à nouveau un phare dans le monde d’aujourd’hui. Il lui faudrait pour cela rompre avec les stratégies du « après moi le déluge »  et du « nos enfants payeront la facture ».

Ce que nous faisons aujourd’hui prépare demain. 58 réacteurs nucléaires à démanteler dans les 10, 20 ou 30 ans qui viennent, c’est une facture terrible pour nos enfants. En construire d’autres c’est annoncer une facture effrayante pour nos petits enfants.

Continuer de privilégier la voiture individuelle, même électrique, contre le transport collectif, c’est continuer la facture énergétique et environnementale car la construction des voitures est une importante source de pollution.

Continuer de détruire la paysannerie (c’est bientôt fait) au profit de l’agriculture industrielle, même teintée de bio,  c’est faire de nos terres, de nos forêts et de nos cours d’eaux, des espaces morts, stériles ou pollués pour de nombreuses années après nous. Et surtout des espaces vides.

Il ne s’agit pas de rien faire ni de retourner en arrière. Il s’agit de cesser de ne faire que la même chose et toujours plus de la même chose, tout en parlant de développement durable ou d’autres fariboles sans réalité.

Il faudrait par exemple que chaque emploi supprimé par l’introduction de robots ou de dispositifs numériques entraîne une taxe équivalente à celle des charges salariales et patronales antérieurement versées pour ce poste, ce qui abonderait les caisses de sécurité sociale, de chômage, de retraite et d’allocation familiale.

De même la transition énergétique et écologique, en s’affirmant comme une réalité, créerait des emplois et diminuerait des dépenses et des dépendances énergétiques. Il faudrait également taxer les pollutions industrielles à hauteur des dégâts à venir, comme il faudrait taxer les capitaux qui se constituent sur la spéculation boursière puisqu’aux aussi feront des dégâts à l’avenir.

Ce qui permettrait dans la foulée un retour de paysans vers la terre (il y a des gens qui aimeraient faire cela) où l’on repenserait l’utilisation des terres cultivables et des espaces forestiers en redonnant vie à l’espace rural.

Mais je le sais, ces pistes sont à cent lieues de vos schémas de développement et à mille lieues de vos préoccupations et surtout à mille lieues de la pensée des « clubs d’experts » qui alimentent et ordonnent vos stratégies.

Vous devez être fidèle à votre classe, à votre groupe, d’autant que, comme l’énonce Waren Buffet, c’est votre classe qui est en train de gagner la lutte de classe. Et votre classe y veille et elle vous lâchera si vous vous permettez de la mettre en mauvaise posture. Ce qui est déjà un peu le cas, d’où l’appel à vous remplacer ou à l’hypothétique plan B.

Allons, j’arrête ce qui ne peut être qu’un exercice de style. Comment pourrions nous nous comprendre ? Comment pourrai-je comprendre votre vie, vos choix, vos orientations et comment pourriez vous comprendre les miennes ?

Je suis aujourd’hui retraité et depuis 10 ans je donne bénévolement une part de mon temps pour contribuer à une société plus juste, plus soucieuse des petits et des faibles, plus égalitaire. Une société où la liberté n’est pas réservée aux puissants et aux riches contre les pauvres et les sans grades, mais où la liberté se partage réellement entre les femmes et les hommes qui font chaque jour ce pays, une société fraternelle. Doux rêves sans doute, vus de votre balcon.

Je vous salue en espérant que vous trouverez une issue favorable pour vous même et pour les vôtres après ce temps d’orage. Mais pas comme président de la République.

 

Patrick Dublé.

 

 

 

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